Nous ne faisons pas notre chemin tout seul… La vie met sur notre chemin des personnes qui nous accompagnent ou nous poussent à atteindre notre destin
Soatiana RAJOELISOA. Née un mois d’août des années 70…J’ai grandi dans une famille où la plupart des membres étaient des militaires, et des enseignants plus ou moins engagés dans des activités communautaires, politiques citoyennes et religieuses….Mon environnement familial, ainsi que les nombreux livres qui m’entouraient vont alors influencer potentiellement ma façon de voir les choses et le monde. La bibliothèque de mon grand-père avec qui nous avons eu le privilège de vivre avec était garni de nombreux livres qui portaient généralement sur les grandes idéologies politiques du monde (socialisme, communisme, marxisme, capitalisme, impérialisme…), ainsi que sur la biographie des grands hommes et femmes célèbres à l’époque : Edith Cresson, Churchill, Charles De Gaulle, François Mitterrand, Khrountchev, Gorbatchev, Adolf Hitler, Martin Luther King, Nelson Mandela, Kim Il Song, Mao Tse Tong ou encore ceux des années plus tôt : Che Guevara, Fidel Castro, Kennedy, Roosevelt, Nixon,…Mes années d’enfance étaient également marquées par les guerres en Iran et Irak, au Liban , la chute des régimes communistes et socialistes, la démolition du mur de Berlin,…mais aussi par l’explosion de la navette spatiale Challenger (Je me souviens de ce soir où l’information a été annoncée à la TVM -à l’époque, la seule télévision rapportant les informations nationales et internationales à Madagascar)…Toutes ces informations internationales ajoutées à celles sur la famine qui sévissait en Ethiopie, ainsi que celles sur la publication des droits des enfants ont marqué ma mémoire…et semblaient toutes m’interpeller comme si j’étais parmi les premiers concernés…
J’ai fait mes études primaires dans une école catholique de Tananarive, puis dans deux collèges publics, ensuite au Lycée Rabearivelo, et à l’Université d’Antananarivo (Faculté de Droit et Faculté des Lettres). Juriste de formation, j’ai dû étudier et travailler en même temps. Mais je n’ai pas cessé d’étudier pendant mes années professionnelles.
En 2005, alors que j’étais déjà membre de Cabinet à la Vice-Primature chargée des programmes économiques (qui était alors une méga- structure composée de quatre Ministères : Transports, Travaux Publics, Aménagement du Territoire, Météorologie), j’ai suivi une formation sur la diplomatie et les relations internationales au CEDS ou Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques de Madagascar. Je faisais alors partie de la première promotion Rahaniraka Raombana, en hommage aux premiers ambassadeurs malgaches. Puis plus tard en France, à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et à l’Ecole Nationale d’Administration. Le choix pour ces études en Relations internationales était certainement expliqué par mes intérêts aigus pour ce domaine depuis mon enfance. Comme quoi, les milieux et environnements dans lesquels évoluent les enfants sont très importants car influencent considérablement leur choix et leur orientation dans leur vie professionnelle future.
Pour mes activités professionnelles, j’ai travaillé dans le domaine de la Communication et des Relations publiques pendant une quinzaine d’années et ce, au sein de l’Administration malgache. Durant ces années, j’étais la collaboratrice de 6 ministres (femmes et hommes) en étant successivement membre de cabinet chargée de la Communication, Directeur de la Communication puis Directeur de Cabinet. J’ai eu la chance et le privilège d’avoir ces hommes et ces femmes comme supérieurs hiérarchiques car certains étaient devenus pour moi des références, inspirateurs, d’autres de vrais mentors et coachs professionnels. Je profite de cette interview pour leur adresser même indirectement, mes sincères reconnaissances et remerciements d’avoir été sur mon chemin de vie. Notre collaboration était des plus fructueuses pour eux (j’espère) et était très formatrice pour moi. Je remercie également la fondation Friedrich Ebert de Madagascar de m’avoir sélectionnée parmi les jeunes de 10éme promotion et de m’avoir fait bénéficié d’une importante et très riche formation en Leadership et politique dans le cadre du programme YLTP ou Youth Leadership Training Program…
Actuellement, je travaille en tant que consultante en Relations publiques auprès d’une Organisation internationale mais aussi Conseillère en Relations internationales mais poursuit en même temps ma spécialisation en Relations Internationales. Après ces quinzaines d’années où j’ai mis mon temps, mon énergie, ainsi que mes compétences au service de mon pays à travers l’administration, je m’investis de quelques missions ponctuelles dont de partager mes acquis et expériences et de former mes jeunes compatriotes. Et ce, à travers des séances de conseils, d’accompagnement et de coachings. Je souhaite réintégrer l’Administration malgache dans les mois ou années à venir. Car c’est pour moi, le cadre idéal pour apporter sa capacité et ses parts de briques pour le développement de notre cher pays.
A travers cette interview, je voudrais surtout partager un témoignage à mes jeunes compatriotes malgaches. Témoignage sur l’importance de la conviction, de la persévérance, de l’audace mais aussi de la présence de Dieu dans notre vie. Tout ce que j’ai entretenu dans ma vie, que ce soit au niveau académique ou professionnel, je les ai faits avec ces quatre points dont j’ai fait mes principes de vie. Conviction dans tout ce qu’on fait : dans le choix de ce qu’on fait, dans le choix de ce qu’on aime, dans le choix de ce qu’on veut, dans notre choix de vie…Persévérance et persistance, presque de la résilience, mais aussi de l’entêtement et de l’obstination à continuer par rapport aux divers phénomènes, paramètres de la vie, ainsi que par rapport aux événements qui surgissent ou encore des personnes qui nous découragent à laisser tomber, qui se mettent sur notre chemin pour nous empêcher d’atteindre nos objectifs et à abandonner nos rêves. A ce propos, je voudrais partager une petite histoire que m’a racontée mon père il y a 20 ans. Il s’agit de celle du feu Rakotomavo Pascal, un de nos Premier Ministre, qui selon mon père, avait connu des moments difficiles durant une certaine période de son enfance. Il n’avait alors que quelques habits et allait à pied nus à l’école alors que les hivers étaient rigoureux. Mais malgré cela, il n’a jamais baissé les bras dans ses études. Résultat : il était devenu parmi les grands hommes de l’histoire de Madagascar. Il partageait souvent ce success story à chaque fois qu’il prononçait un discours afin d’inspirer les jeunes…En 1997, j’étais parmi les lauréats des bacheliers malgaches. Le Premier Ministre Pascal Rakotomavo nous avait invités au Palais de Mahazoarivo pour recevoir les récompenses qu’il nous a réservées à cet effet. Dans le carton que j’ai reçu comme cadeau, j’ai eu quelques livres dont « Le Contrat social », écrit par Jean Jacques Rousseau, un livre de philosophie politique important à lire pour tous ceux qui veulent participer à la réforme de la société dans laquelle ils vivent.
La troisième chose est l’audace, nous en avons besoin pour affronter cette vie. La vie appartient à ceux qui osent. Quelquefois, il faut se dire, qu’entre essayer et faire et ne pas essayer et donc ne pas faire, on n’a souvent rien à perdre. Alors si on ne perd rien, pourquoi ne pas essayer ? (Tant que cela ne remette pas bien sûr en cause notre dignité !).
Et enfin, en tant que Chrétien, je voudrais dire à tout le monde que la vie avec Dieu est la meilleure vie que l’on puisse s’offrir car elle est source de paix, de sérénité, mais aussi de victoire. Avec Dieu, tout est possible, même les choses impossibles…
Le dernier partage avec lequel je voudrai conclure cet entretien est celui sur l’importance des rencontres dans notre vie. Je dis et redis toujours, à chaque fois que j’ai l’opportunité de le faire que nous ne faisons pas notre chemin tout seul dans notre vie. Dieu, à travers la vie, les événements nous envoie des gens qui nous accompagnent. Ces gens peuvent être les membres de notre famille : père, mère, frère, sœur, grand-père, grand-mère…pour nous aider à nous accomplir, nous réaliser, et atteindre notre destin…Mon grand-père et surtout mon père et ma mère étaient mes premières et importantes sources d’inspiration. La vie nous envoie aussi des inconnus, des amis, des connaissances, des collègues, pour nous former. Nous n’imaginons pas à quel point la vie pourrait transformer nos rencontres avec ces personnes qui nous prennent ensuite pour leurs amis, collaborateurs, ou quelquefois pour leurs adversaires, concurrents voire ennemis en de vrai tournant de vie pour nous amener vers d’autres voies que nous n’aurions jamais prises sans ces rencontres heureuses ou malheureuses …Il peut même arriver des moments où des personnes entrent dans notre vie pour quelques semaines juste pour nous motiver, ou nous contrarier, nous énerver à tel point que nous puissions par la suite devenir une toute autre personne, totalement transformée, et devenue capable de tout …même de devenir Premier Ministre …rire . C’est pour dire que la plupart des personnes qui entrent, restent ou partent, sortent de notre vie y ont de missions bien précises : soit pour nous laisser des enseignements qui nous marqueront pour toujours…soit pour nous aider, nous accompagner -pendant un certain moment de notre vie ou juste pour quelques semaines, quelques jours voire quelques heures dans notre travail d’accomplissement , dans la réalisation de nos objectifs, de nos rêves ou encore pour arriver à la place que la Vie, Dieu nous a destinée…
L’équipe éditoriale Madaction.