Dixit Bako Ratsifandrihamanana
Compétitrice de haut vol en natation, Bako Ratsifandrihamanana ne cesse de travailler pour sa discipline. Elle en fait le point en ce moment.
Midi Madagasikara : « Comment est le niveau international actuel ? »
Bako Ratsifandrihamanana, championne de natation « le niveau international est de plus en plus fort, et tous azimuts. Brésiliens, Américaines noires, Hongroises, Japonais, Chinois, Africains, il n’y a plus de pays très dominant. Ce sont bien sûr des pays très développés en termes d’infrastructures sportives, piscines chauffées idéales pour les entraînements, des niveaux de vie très élevés, permettant un rythme d’entraînement de 6h par jour, une politique du sport basée sur l’excellence et le star système et le sport de haut niveau »
M.M. : et face à cela, la natation malgache? »
B.R. : « La natation malgache, on n’a pas encore le niveau mondial, c’est le chrono qui le montre, car aucun nageur n’atteint le minima des JO ni du championnat du monde. Mais on progresse. La preuve, il y a des records de Madagascar battus tous les ans, et je suis optimiste, ça va encore progresser. Il y aura encore d’autres records, mais la progression ça doit aussi toucher l’ensemble des nageurs et non pas un nageur expatrié par exemple. La natation malgache, c’est la synergie de toute une nation, sport d’élite ou sport de masse, je veux dire, c’est tout un ensemble ».
M.M. : « Quels conseils apporteriez-vous ? »
B.R. : « Je n’arrête pas de le dire, une piscine chauffée pour la Capitale car les deux tiers des nageurs sont de Tana, et la Capitale est une sorte de hub pour les grands événements nationaux, très pratique pour les déplacements des nageurs des provinces. Il ne s’agit pas de moteurs de chauffage, de décoration comme ce qui existe à l’ANS Ampefiloha mais des moteurs qui marchent. Là aussi, il faut de la volonté politique car les huit moteurs pour le chauffage d’une piscine sont l’équivalent de huit voitures 4 X 4 utilisés par les députés, donc à nous de juger si cela en vaut la peine, de les avoir pour le bien-être de toute une population. A part cela bien sûr, il y a l’effort personnel de chaque nageur, ensemble avec toutes les parties prenantes, les parents, le club, les ligues et fédération, le COM et le ministère, le public, les journalistes… tout cela formant un tout contribue pour la réussite de la carrière de nageur, la culture de toute une nation »
M.M. : « Quels messages voulez-vous passer ? »
B.R. « La natation nécessite des mesures d’accompagnement, comme tant d’autres disciplines. Le sportif de haut niveau investit en temps et en moyens, mais il n’y a pas de retour sur investissement donc peu incitatif. Les jeunes préfèrent des activités comme les concours de chants « copie-collé », zumba, danse, plus attractifs que les entraînements étalés sur des années voire 16 ans de natation compétitive pour moi, par exemple, mais au final peu de reconnaissance, et même l’ingratitude en fin de carrière. Normalement, un ancien sportif de haut niveau doit avoir sa place en tant que dirigeant dans sa discipline de prédilection, ce qui n’est pas le cas en natation, allez savoir pourquoi. Comme je dis souvent : Rendez à César ce qui est à César ».
Anny Andrianaivonirina
Source: Midi-Madagasikara du 18/08/2017.