Entrepreneuriat social représente une nouvelle forme de développement sans dépendance vis-à-vis des aides internationales. Les détails avec un jeune entrepreneur social malgache qui s’investit beaucoup en faveur de l’environnement, en la personne de Marie Nomena Allimant, fondatrice de l’entreprise Alamanga reforestation.

• Les Nouvelles : Pourquoi avez-vous choisi l’entreprenariat social comme thème de votre présentation à la conférence de Tedx ?

– Marie Nomena Allimant : Mon intervention consiste à faire connaître comment créer une entreprise sociale à vocation environnementale, plus précisément l’importance du reboisement dont pour certains, il s’agit d’un pique-nique, mais pour nous, Alamanga reforestation, on reboise et on conserve. Il ne s’agit plus seulement de planter un arbre, il s’agit de le faire grandir et de le conserver, et j’insiste là dessus, pour être véritablement crédible. En fait, entrepreneuriat social ne s’oppose pas à entrepreneuriat traditionnel, mais il le complète en lui ajoutant du sens, et en replaçant l’homme au cœur de son modèle.

• Quelle idée avez-vous en tête en créant votre entreprise ?

– L’entreprise a été créée en 2010 à la base d’une formation grâce à laquelle j’étais promise à une carrière d’expert comptable, et pourtant, je me réveillais la nuit à cause de mes rêves de reforestation. Impossible de penser à autre chose, j’étais convaincue que l’on pouvait accomplir de belles et nouvelles choses vu la beauté des richesses du pays dont j’en suis très fière. Deux mois plus tard, mon diplôme en poche, je suis venue m’installer ici, à Madagascar. J’ai ainsi déposé les statuts de ma société à l’âge de 23 ans.

• Comment allez-vous réaliser ce rêve de reforestation ?

– Le modèle comporte des revenus à court, moyen et long terme. En premier lieu, les entreprises soucieuses de s’engager en faveur de l’environnement parrainent des arbres et une partie de ces arbres nous permet de produire des huiles essentielles et des cultures vivrières en agroforesterie. Une autre partie produira durablement du bois d’œuvre. Qu’est-ce que cela signifie? Qu’aucun arbre ne sera coupé sans qu’au moins un autre ne soit planté. La nouveauté est la pérennisation des plantations, puisque à la fois l’entreprise qui porte le projet et la population qui en bénéficie sont amenées à l’exploiter durablement. La conservation des plantations devient donc le point focal du projet.

• Et la concrétisation de votre projet ?

– Nous avons créé des partenariats avec des entreprises françaises, espagnoles et de grosses multinationales qui nous ont fait confiance et parrainent nos arbres. Par notre intermédiaire, ces sociétés affichent leur engagement environnemental dans la durée en assurant en permanence la durabilité des arbres qu’ils ont financés. L’objectif est de planter 500.000 d’arbres d’ici 2015 dont 40.000 d’ici la fin de cette année, et de répliquer notre modèle à grande échelle dans différentes régions de l’île. Nous souhaitons devenir une référence à Madagascar par le biais de nos réussites sociales et économiques, et appuyer les futurs porteurs de projets et entrepreneurs dans le lancement de leurs activités environnementales.

Propos recueillis par Noro Niaina