Noeuds papillons, sacs bourse, pochettes, ceintures… des accessoires indémodables en raphia remis au goût du jour par Manuela Rakotomanga et sa marque Alizay. La créatrice se bat pour promouvoir le savoir-faire malgache et les matières locales à l’international.
Un vent de fraîcheur souffle dans l’univers de la mode malagasy. A travers sa marque Alizay, Manuela Rakotomanga a lancé sa collection 2016 en novembre dernier, baptisée M. Rakoto et Euphoria, basée essentiellement sur le raphia (Raphia farinifera), cette fibre endémique de Madagascar, naturelle et très solide. « Il faut savoir que le raphia représente 15 % du produit intérieur brut et que le pays fournit près de 75 % de la production mondiale », précise-t-elle. Chez Manuela Rakotomanga, le raphia est une histoire de famille. Alizay est une des premières maisons malgaches spécialisées dans la vannerie, créée en 1991 par ses tantes, et s’est fait connaître par ses produits haut de gamme. « Malgré la crise de 2009, une de mes tantes a quand même décidé de continuer, puis ses autres responsabilités l’ont obligé à arrêter. A mon retour à Madagascar en 2013, j’ai repris l’entreprise. Aujourd’hui, j’y apporte plus de modernité et de fraîcheur. »
Manuella s’attelle à faire connaître le raphia. Et c’est chose faite puisque la plupart de ses créations commencent à s’imposer sur le marché international : notamment au Canada, au Luxembourg et en France. Dans ses gammes de produits Mr Rakoto, elle a revisité un accessoire indémodable : le noeud pap’ crocheté en raphia. « C’est un incontournable chez les hommes mais aussi chez les femmes. Pour marquer le coup, je voulais un nom qui reste malgache mais soit exportable. » Mr Rakoto se décline en plusieurs styles et coloris, sublimé par des accroches en corne de zébu et des bandes en lambahoany. Dans la famille Euphoria, Manuela mise sur les sacs bourse, très tendance cet été. Elle apporte sa touche de couleur, proche de celle de la marque espagnole Desigual. Les sacs bourse sont toujours crochetés en raphia avec des doublures en motifs floraux ou très colorés. Sa marque de fabrique, c’est aussi cette particularité d’intégrer d’autres matières naturelles typiquement malgaches comme la corne ou le cuir de zébu.
« Toutes mes créations mettent en avant le savoir-faire malgache et les matières locales. Quand les gens circulent dans les marchés où ils achètent des produits artisanaux fabriqués en raphia, ils ne prennent pas conscience de l’important travail réalisé avant le passage au métier à tisser. Par exemple, un pan de rabane demande trois jours pour l’effilage et la teinture. » Elle mise ainsi sur le vita malagasy, souvent concurrencé par les produits chinois. « Je vise un marché qualitatif et je veux développer ma marque à l’international. D’ailleurs, je reviens de France où j’ai vu les nouvelles tendances, et de New York où j’ai rencontré les fournisseurs durant les salons Who’s Next et New York Now. » Pour sa prochaine collection, elle compte créer des pochettes toujours colorées et de toutes les tailles. Un accessoire que toute femme qui se respecte doit avoir en main. Manuela, une artiste qui a plusieurs tours dans son sac !
Source:Nocomment du 04/02/2016.